mercredi 13 septembre 2006

L'ANNEE LENNOX ?


Annie Lennox a vieilli ! Jusque là, rien de bien surprenant …

J’ai découvert la belle un beau matin de 86, après qu’une âme charitable m’ait copié sur bande magnétique (nous étions en pleine époque walkman) Revenge, 2ème album d’une consécration critique et publique (à cette époque, j’étais passé à côté de l’excellent Be yourself tonight, 1985) pour le duo écossais-elle/anglais-lui, Dave Stewart : When tomorrow comes, Missionary Man, mais surtout The miracle of love (vous en connaissez beaucoup, vous, des chansons qui donnent autant la chair de poule quand vous les écoutez 20 ans après ?) … et puis j’avais mon petit faible, une petite ballade tout à la fin, I remember you (comme par la suite pour pratiquement toutes les ballades clôturant les albums signés Eurythmics). Elle avait alors 32 ans, elle s’habillait de cuir noir, elle avait les cheveux courts blonds peroxydés, un rouge à lèvres visible de l’autre côté de la Manche, bref … Lennox 86 ne laissait pas de marbre !
Exit l’androgyne rousse, costard cravate et masque SM des débuts électros, en concert rock Lennox affichait sa féminité (et son soutif) à 100% et le public d’en redemander encore.

Puis vint l’ALBUM d’Eurtyhmics, celui sans qui un fan n’est pas un vrai fan, un album à la promo bâclée, aux critiques assassines, et pourtant, Savage (1987) était et restera l’album de la perfection aboutie, LE CONCEPT, tenu de mains de maîtres du début à la fin, rythmes saccadés, mélodies torturées (tordues) d’où émergent textes codés, désabusés : un album sombre, noir, difficile …
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Lennox s’y présente en ange déchu, vieillit et abîmé, une Marylin défoncée au bout du rouleau … sublime, forcément!
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1989, dernier sursaut avant la séparation d'avec Stewart, We too are one (ou We Two are one too – version vidéo !), séduit encore par ses visuels, cette fois signés Mondino (dont c’était la grande période), un single mélancolique (Don’t ask me why, un des meilleurs morceaux de l’album) et d’assez bonnes ballades, notamment la longue plainte When the day goes down.
Mais où sont passés le sens, le souffle, les idées auxquels Stewart/Lennox nous avaient habitué jusque là? Ne reste plus qu’un assemblage de morceaux plus ou moins inspirés servant juste de support à une tournée qui parait bien être, alors, celle du chant du cygne.
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La belle médiatise ensuite son engagement, aux côté d’autres artistes chanteurs (Bono, Neneh Cherry et cie …), dans la lutte contre le SIDA (entre autre) en participant notamment à l’album Red Hot and Blue, compilation de titres écrits par Cole Porter, réinterprétés par chacune et chacun avec plus ou moins de bonheur. Ev'ry time we say goodbye (en hommage à son ami Derek Jarman, réalisateur décédé qui lui avait demandé d’enregistrer ce titre pour son film Edward II) reste sans aucun doute LA plus belle chanson interprétée à ce jour par Annie Lennox. Le clip, magnifique, est à voir absolument !

En 92, la Diva revient seule, pour un album (aujourd’hui daté) qui fera date. Produit par le peu inventif Stephen Lipson (alors ex-producteur des Simple Minds, Sade et j’en passe …), Lennox chantera triste (Why, Cold, The gift) et perso, pour un résultat internationalement reconnu (la presse évoque Aretha Franklin) mais peut-être un brin surestimé à l’époque. La même paire remettra ça, en 95, pour un succès toujours plus grandissant alors qu’en parallèle les critiques médusées commencent à évoquer le manque d’originalité et la production plus que moyenne de ce recueil de reprises, finalement pas si mauvais que ça, des chansons préférées de la dame (de Neil Young à Bob Marley en passant par Chryssie Hynde ou Paul Simon). Un concert unique sera même donné en plein coeur de Central Park et nous démontrera encore une fois que Lennox a sur scène, plus qu’en studio désormais, de la vigueur et de l’énergie à revendre.

De la vigueur et de l’énergie, c’est certainement ce qu’il aura fallu à son seul véritable partenaire, Dave Stewart, pour qu’elle le rejoigne en 99 et qu’ensemble ils nous proposent l’inattendu mais bien nommé Peace (album/tournée semi-sponsorisé entre autre par l’association Greenpeace dont les deux compères sont partie prenante) qui contient ni plus ni moins que deux, trois rock plutôt bien balancés, entourés d’une multitude d’excellentes ballades assez bien inspirées (Burt Bacharach n’est pas loin).

Mais les retrouvailles sont de courtes durées et en 2005, après une épreuve difficile (son divorce) Lennox nous livre ses déboires existentiels avec le très déprimant Bare, le mal nommé puisque hormis le fait de se mettre complètement à nue, au propre comme au figuré (voir le livret), c’est toujours accompagnée des mêmes plages de synthés sirupeux 80’s du triste Lipson, qu’elle nous livre des mélodies un brin archaïques dans le rendu. Dommage car la cinquantaine atteinte, Lennox n’a jamais eu la voix aussi claire, aussi belle et l’écriture aussi personnelle.

La compilation Ultimate collection, sortie l’année dernière, n’apporte pas grand-chose à une carrière au demeurant assez bien fournie, si ce n’est deux chansons dont un single, I’ve got a life, disco pop assez jouissif mais pas inoubliable.

Au travail depuis quelques mois, la chanteuse vieillissante qui n’a plus trop envie de scène, ni de rock, se prépare à sortir sa dernière livraison, Venus, qui, s’il est permis de penser qu’elle puisse être intéressante lorsqu’on a suivi la carrière de la dame depuis ses débuts, risque d’être, à l’image de son prédécesseur, un rien décevante si elle est restée fidèle à ses derniers choix artistiques …
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Mais il reste l’espoir ! Ev'ry time she says hello …

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