DECALAGES

« Françoise Hardy enregistre son nouvel album – non pas, cette fois, un album de chansons originales, mais une collection de reprises interprétées avec divers artistes dont elle se sent proche.

Chanson et voix amies sont ainsi soumises à ses coups de cœur ponctuels : une reprise de son Soleil avec Alain Souchon, un duo avec Alain Delon sur Modern Style de Jean Bart, un mariage vocal avec Jacques Dutronc sur Amour Toujours, tendresse, caresse de son mari-chanteur, avec Henri Salvador sur une nouvelle version du Fou de la Reine, avec Alain Bashung sur Que reste-t-il de nos amours ? ou avec Ben Christophers sur My beautiful demon sont ainsi parmi les premiers morceaux déjà mis sur bande. Cette collection de duos, encore en confection, sortira avant la fin de l’année.»

Cet article est paru dans les Inrock du 21 juillet dernier !

Alors voilà … je ne voudrais pas tirer sur l’ambulance mais, bon, déjà que la grande astrologue de la chanson française (oui je sais, elle est tellement plus modeste lorsqu’elle fait sa pub chez son grand pote Ardisson) sature les rayons des disquaires de compilations dispensables qui, soit dit en passant, enchaînent inlassablement la même sélection discutable de titres plus ou moins réussis (n’en déplaisent à certains, qui vont me lapider sur place, Traüme n’est quand même pas ce qu’elle a chanté de mieux), si maintenant elle se met à reprendre des morceaux d’un intérêt très relatif, avec des partenaires d’un intérêt tout aussi relatif … je vous laisse imaginer mon désarroi !

Pour moi, Françoise Hardy avait réussi il y a quelques années ce qu’aucun(e) autre artiste français(e) (hormis son mari, le truculent Dutronc) n’était parvenu à atteindre : traverser les (trop nombreuses ?) décennies avec, certes, une carrière plus ou moins houleuse, ce qui n’était pas pour me déplaire, mais surtout façonner son image au fil d’albums moins stylés, plus stylisés et malgré tout universels, tout en y préservant cette part d’intimité (et de déprime aussi) qui en faisait sa signature, sa qualité.

Et c’était vrai jusqu’à son dernier véritable opus, Tant de belles choses ! Un condensé de mièvreries régressives (rétrogrades ?) pour dames âgées dévergondées, pd adeptes du voussoiement outrancier, et autres « gentils» bobos policés, à qui Mémé Hardy, voix (trop) haut perchée, verbe prétentieux et, en anglais, insupportable accent français (!), apprend enfin que L’AMOUR EST PLUS FORT QUE LA MORT !!!! Non ?! C’est pas vrai ?!
Est-ce bien la même artiste qui réclamait il y a quelques années encore le Mode d’emploi de la relation amoureuse, nous parlait de faire la Sieste avec l’Obscur objet de ses désirs, et prenait enfin de la distance en nous expliquant sa Vérité des choses ?

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Que m’importe de savoir que Madame Soleil se sent proche d’Alain Delon (avec qui j’avais plus d’affinités dans ses jeunes années, lorsqu’il pratiquait encore l’audace racée de Visconti, qu’il s’étendait en Plein soleil pour Clément …), mais j’aurais plus apprécié qu’elle se remette au boulot quitte à se poser, enfin, la vraie Question ou, pourquoi pas, tester encore le goût du Danger …

Dommage, je suis déçu et nous ne partirons sans doute plus en voyage ensemble.
Alors salut, Françoise ! Que les astres soient avec toi …