vendredi 31 octobre 2008

GUN BARREL

Le gun barrel est, dans un James Bond, ce qu’il serait convenable d’appeller « la mise en bouche » avant l’introduction, la bien nommée séquence pré-générique, leitmotiv garantie franchise officielle (la société EON Productions) : vu à travers le canon d'un pistolet (à l'origine un calibre 38), Bond avance de profil de la droite vers la gauche de l'écran, s'arrête soudainement au centre pour se retourner vers le spectateur et tirer (lourd de sens, non ?!) ... à la suite de quoi des coulées de sang envahissent l'écran. Le film commence ... 

Créé pour le tout premier film de la série par le graphiste Maurice Binder (vignette ci-dessus), le gun barrel de Dr No (premier d’une série qui en compte 16 pour Binder, c'est-à-dire jusqu'en 1989, les suivants étant réalisés par Daniel Kleinman), comme beaucoup plus tard celui de Casino Royale version Martin Campbell (avec Daniel Craig), est tout d’abord rattaché au générique d’ouverture.


Ensuite, dès From Russia With Love, il ouvre (tel un logo, au même titre que le 007 dont le 7 est la crosse d’une arme ou la pose typique de Bond - bras et jambes croisés, le canon de son arme proche du visage - reprises longtemps sur les affiches) la séquence d’action pré-générique qui rythmera, désormais, toute aventure du héros de Ian Fleming.


Bien que sensiblement évolutif (voir le best of ci-dessous), le gun barrel est inlassablement accompagné, depuis 1962, de multiples versions du même thème astucieusement nommé James Bond Theme, créé par Monthy Norman mais talentueusement orchestré par John barry (fameux compositeur de musiques de films dont certains des plus célèbres génériques de James Bond – ceux chantés par Shirley Bassey – et accessoirement premier mari de Jane Birkin), puis par une flopée de bidouilleurs en tout genre (David Arnold depuis 2002, mais avant lui Marvin Hamlisch, Tom Conti, Moby, et le dispensable Eric Serra ...). 

Le gun barrel (au même titre que la scène de présentation du héros « My name is Bond, James Bond … ») est l’élément indispensable pour tout fan qui se respecte et qui n’hésite pas, lorsque les producteurs se jouent de son attente, à exprimer sa déception voire sa colère vis-à-vis du réalisateur responsable (dernier exemple en date, Marc Foster coupable d’avoir déplacé le gun barrel de Quantum of Solace ... mais, chut, je ne vous dirai pas à quel moment !) ... 

Deux ou trois petites choses : dans Dr No, From Russia With Love, puis Goldfinger, c’est en fait le cascadeur Bob Simmons, alors doublure de Sean Connery, qui interprète Bond (on ne discerne d’ailleurs pas les traits de son visage). 

On remarquera que la version de Sean Connery à partir de Thunderball (deuxième capture d'écran), oblige l’acteur, dont le corps balance plus que nécessaire lorsqu’il se retourne vers le spectateur, à réajuster sa position.
Pas si bondien que ça finalement ... 

En 1983, le dissident Never Say Never Again (remake de Thunderball avec Sean Connery) concurrence la franchise Eon (Octopussy avec Roger Moore), et ne bénéficie donc pas du gun barrel.
En revanche, il est assez amusant de constater qu'au cours de sa carrière dans la peau du personnage, Moore tournera deux versions du gun barrel (désormais sans chapeau), une pour Live and Let Die (1973) et The Man With the Golden Gun (1974), puis une utilisée à partir de The Spy Who Loved Me (1977). 
On imagine sans peine que les variations de la mode et l'évolution du costume en sont les raisons principales ... 

Le gun barrel de Die Another Day (le quatrième de Pierce Brosnan), où l’on voit la balle tirée par Bond traverser le canon de son adversaire, est (tout comme le film) l'un des plus controversés par les fans de la série.
  
Et à propos du James Bond Theme, il faut savoir qu’il provient d’une chanson nommée Bad Sign, Good Sign composée par Monthy Norman, pour une comédie musicale se déroulant dans une communauté indienne (The House For Mr. Biswas) et dont il utilisa la mélodie de base (prévue pour être jouée au sitar).
C’est John Barry, alors orchestrateur du premier film, qui décida d’en modifier quelques notes pour en faire le célèbre thème ... 
Bon, c'est pas tout mais il est sensiblement l’heure de vous laisser ...  j’ai juste rendez-vous avec (devinez qui ?) …



1 commentaire:

Anonyme a dit…

C'est hyper intéressant cette histoire de gun barrel ! C'est vrai que ça fait complètement partie de l'identité visuelle des James Bond. Étonnante même cette permanence dans le temps des codes James Bond malgré la diversité des réalisateurs et la pression des modes.