vendredi 23 janvier 2009

PAROLES PAROLES ...

Maintenant que, Ô miracle, le 44ème Président des Etats-Unis (dont les spécificités principales sont pour le moment d’être convaincu, courageux, démocrate et issu d'une « minorité » raciale) prend ses fonctions, le monde entier a le regard tourné vers celui qui pour être élu n’a pas lésiné sur les promesses.
Au nombre de 510 (c’est-à-dire, si l’on en croit les statisticiens et journalistes américains, trois fois plus que W. Bush en 2000 - 177! ... on se demande encore lesquelles - ou que Bill Clinton en 1992 - 204 parmi lesquelles, subjectivement, il serait logique d’imaginer que quelques unes ont bien dû être tenues – sic !), ces magnifiques lueurs d’espoir qu’une nation sous le charme - dont il faut rappeler que le chef d’état prête encore serment la main gauche posée sur la bible (ici, celle d’Abraham Lincoln, son modèle en politique) - s’attend à voir se concrétiser, ne risquent-elles pas au bout de ces 100 prochains jours d’investiture (la fameuse période de grâce) de transformer le premier chapitre du règne Obama en véritable pétard mouillé ?!

Qu’attendons-nous tant de lui ? Qu’est-il susceptible de pouvoir sincèrement apporter, améliorer, transformer, dans un contexte économique et social désastreux, au beau milieu d’une crise internationale catastrophique et qu’aucun autre dirigeant, à l’heure actuelle, n’est capable d’enrayer chez lui en profondeur ?
S’il peut encore aujourd’hui légitimement accuser, même sans la nommer, l’administration sortante d’avoir « gravement affaiblie l’économie américaine ... du fait de la cupidité et de l’irresponsabilité de certains » qu’en sera-t-il demain, alors qu’on sait déjà qu’il lui sera pratiquement impossible de trouver des réponses pertinentes à court terme, et donc de répondre idéalement aux attentes de ses plus fervents partisans, ceux qui n’oublieront pas certains de ses engagements, telle la couverture médicale universelle ou encore sa détermination au sujet de l’arrêt total et rapide (il s’était engagé sur 16 mois) de la guerre en Irak. N’hésitant pas à se rapprocher dangereusement de ses adversaires Républicains (il garde tout de même au sein de son gouvernement Robert Gates le Ministre de la défense nommé par son prédécesseur…) et décevant dans le temps les membres les plus radicaux de son parti, il sera bien contraint d’avouer, et le plus tôt sera le mieux, qu’il n’est pas un faiseur de miracle. Si chacun s’accorde déjà à le penser (certaines de ses opinions personnelles ou celles de ses co-équipiers les plus proches le démontrent) reste que l’avènement, la réussite incroyable de ce jeune avocat de 47 ans à la tête d’une nation qui a toujours privilégié le rêve de la réussite sociale individuelle avant toute notion d’égalité et de valeurs collectives, semble étonnamment banale, comme une évidence, mais aussi, après un bilan de 8 années déplorables, un moindre mal.
En tout cas, les premiers jours d’Obama, révélant toute de même une indiscutable rigueur par rapport à la ligne de conduite qu’il s’était fixé (fermeture de Guantanamo, soutien persistant au droit des femmes à l’avortement, renouvellement de l’engagement à quitter l’Irak avant fin 2011 …), donnent au moins, pour l’instant, le change à une campagne qui dépassait allègrement les frontières de la démagogie raisonnable.

Quant à nous, la synergie opérée par tous les facteurs qui ont menés Obama à la tête d’un pays implacablement sinistré dans ses valeurs humaines les plus profondes sera-t-elle assez puissante pour infléchir la totale inertie d’une Europe qui permet plus qu’hier encore à des trublions politiques de tous bords, incapables de mener une véritable politique sociale de front, économiquement rationnelle, intelligente et d’où tout intérêt personnel serait banni, de parvenir à un pouvoir strict reléguant, en l’absence d’opposition véritable, la démocratie à une simple définition dans un dictionnaire.
Au royaume navrant des donneurs de leçon (le nôtre), rien n’est moins certain …

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