lundi 12 janvier 2009

EL ARGENTINO

S’appuyant sur sept années d’études, de rencontres et d’entretiens un peu partout à travers le monde, le réalisateur Steven Soderbergh et l’acteur Benicio Del Toro, tous deux producteurs de ce biopic sincère mais ardu composé de deux longs films, confrontent ainsi le grand public (au sens large du terme) au parcours du plus fameux des révolutionnaires, Ernesto « Che » Guevara.
Tout d’abord, mettre les pendules à l’heure : ceux qui attendent de cette première partie intitulée L’argentin, quelques révélations croustillantes, inattendues (hormis le fait qu’il était effectivement argentin et asthmatique), seront forcément déçus. A contrario, ceux qui souhaitent une remise à niveau un tantinet scolaire, en seront également pour leur frais puisqu’il semblerait que ce Che1 s’adresse en tout premier lieu, et malgré un sujet qui forcerait l’enthousiasme de tout distributeur susceptible de vouloir engranger un maximum d’entrées en un minimum de temps (qui plus est en demandant aux spectateurs d’acheter un deuxième billet pour voir la suite), aux érudits inconditionnels de stratégie militaire et d’histoire latino-américaine couvrant les cinq dernières décennies.

Sec, abrupt même, on entre dans le vif du sujet comme si on venait tout juste de poser un recueil chronologique et didactique de la révolution cubaine dont ce Che, au demeurant assez convainquant pour vous donner envie d’en remettre une deuxième couche le 28 janvier prochain (date de sortie de Guerilla), ne serait presque que le complément illustré, mais parfois trop sommaire.
Entrecoupé ça et là par la reconstitution d’une interview donnée lors de la visite américaine aux Nations Unies du Héros - héraut ! -  alors auréolé de toute sa gloire, et d’images d’archives (notamment dans toute la phase d’introduction, un tantinet cafouilleuse et perturbante), la majorité du récit se concentre uniquement et quelques fois maladroitement sur le personnage principal du film, privilégiant systématiquement sa façon d’être, de penser, et laissant forcément au second plan les autres acteurs importants de la révolution (ce qui donne parfois l’impression de passer à côté de l’évènement), excepté lorsque sont mis en scène quelques échanges (pour la plupart assez révélateurs des différences entre les deux hommes) avec Fidel Castro.

Ainsi, difficile d’évaluer pour le moment la qualité et l’impact du travail effectué sur ce projet par les deux compères (dont il s’agit de la seconde collaboration après l’indigeste Traffic), le diptyque ascension/chute devant être vu et perçu dans son ensemble pour intégrer la notion définitive de destin, ici volontairement celui de l’homme plus que celui de l’icône. On se plaira donc principalement à suivre les pérégrinations territoriales et combatives d’une poignée de rebelles qui devinrent des milliers au travers de la fascination qu’exerçaient sur eux, entre autres meneurs, cette figure hors du commun. Un exercice intéressant ... 

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