samedi 25 novembre 2006

NOW YOU KNOW THE NAME

Comment faire la critique d’un film consacré à un personnage dont je suis fan depuis tout gamin ? Pas facile ! Mais comme je n’ai aucune bonne raison pour ne pas en parler je vais donc, illico presto, vous dire ce que je pense du Bond cuvée 2006 …
… en commençant par ce qu’il a de mieux.

La première bonne idée du film tient au scénario et au fait qu’il soit adapté du premier et certainement meilleur roman original de Ian Fleming.
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La deuxième bonne idée, c’est d’avoir demandé à Paul Haggis, fidèle d’Eastwood et réalisateur à ses heures, de venir affiner le scénario du tandem Wade/Purvis, responsables des derniers Bond période Brosnan. Haggis a notamment travaillé au développement de la relation entre les deux personnages principaux en en faisant le point fort du film. Sans l’efficacité, la sincérité et la tension de la relation qui unie James «beau petit cul» Bond à son homologue du Trésor anglais Vesper «vous avez dû maudire vos parents» Lynd, Casino Royale ne serait tout simplement pas l’un des meilleurs films de la série.
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La troisième bonne idée se nomme Martin Campbell, déjà « résurrecteur » de la franchise 007 en 1995, début de l’ère Brosnan. Conscient des problèmes liés à la pérennité du personnage de Fleming, pour l’avoir dépoussiéré une première fois dans GoldenEye, Campbell était certainement l’un des rares réalisateurs, aujourd’hui, qui pouvait à la fois se fondre dans le moule restreint d’une machine à fric tournant pratiquement sur ses acquis (Bond, des méchants, des gadgets et des filles), depuis le milieu des années 60 (à partir de Goldfinger, et à de rares exceptions près, la série a toujours été largement bénéficiaire), tout en proposant une vision nouvelle et surtout actuelle correspondant aux évolutions souhaitées par les producteurs et au délicat changement d’interprète. A ce niveau, on peut rapprocher Campbell de son prédécesseur Peter Hunt, monteur des tous premiers épisodes de la série qui fût promu en 68 responsable en chef du Bond version Lazenby (On her majesty’s secret service, échec cuisant au box office d’alors mais petit «chef d’œuvre» bondien aujourd’hui), qui osait déjà une nouvelle approche visuelle à partir d’un scénario moins stéréotypé que les Connery de l’époque et dont la trame narrative dramatique était étonnement plus développée.
La quatrième bonne idée est blond aux yeux bleus. Daniel Craig, le bulldozer, est tellement différent de ses prédécesseurs qu’il en est presque incomparable. Moins dandy, moins stylé mais plus physique et plus concerné, James est enfin humain et risque tout au péril de sa vie, de son cœur (au propre comme au figuré) à tel point qu’on en arrive à se demander s’il va s’en sortir … c’est un comble ! Quand Craig est Bond, tout semble possible. Double zéro fraîchement nommé, il se trompe, il doute, laisse apparaître ses failles, et rame presque comme n’importe quel mec pour draguer la seule nana qui ne tombe pas directement dans ses bras.
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Ce qui m’amène à la cinquième bonne idée ! Eva Green joue Vesper Lynd, première vraie James Bond Girl des romans de Ian Fleming, avec une conviction totale. Tour à tour froide, piquante, puis fragile et aimante, son visage magnifique et son regard dévastateur font mouche. Elle mène Bond par le bout du nez, on y croit et on adhère. Pour cela il fallait une actrice capable d’accepter le défi « dramatique » peu évident du Bond nouvelle version, surtout quand on a l’habitude de voir le peu d’ampleur des personnages féminins dans la saga (exception faite de Diana Rigg, toujours dans le OHMSS, et peut-être Sophie Marceau dans le très moyen World is not enough). Avec cette beauté si particulière qu’elle en éclipse totalement Carolina Murino, la bimbo du film, Green impose carrément un nouveau type d’héroïne, qui donne corps à l’histoire, au passé de Bond et donc à ses fantômes.
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Mention spéciale et sixième place dans le hit-parade des bonnes idées pour le rôle du « méchant » de service, traité de façon si spéciale, si particulière que la résumer à un seul rôle en atténuerait toute le poids et toute la saveur. Ceci dit, il faut reconnaître que Mads Mikkelsen est parfait dans celui du salaud de service, Le Chiffre, même si, sans rien dévoiler de l’intrigue, on reste surpris par le sort qui lui est finalement réservé.
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Pour finir dans le registre des bonnes idées (vous noterez que j’ai eu le bon goût d’arriver et de m’arrêter à la septième), notons l’excellente décision de donner un grand coup de pied au mythe. Tout d’abord en déplaçant le sacro-saint Gunbarrel (vous savez, Bond vu au travers du canon d’un pistolet se tourne et tire sur son ennemi, provoquant un dégoulinement de sang qui envahit l’écran) pour l’intégrer à l’histoire. Puis, en apposant un style complètement original au générique, une vraie réussite graphique de Daniel Kleinman. Enfin, en réservant l’essentiel du James Bond Theme, réorchestré par David Arnold mais pratiquement identique à celui de Monthy Norman (1962 quand même), au générique de fin seulement, juste après … chut !

Maintenant, y aurait-il malgré tout quelques critiques, réserves, maladresses à relever à la vision de cette excellente préquelle (terme régulièrement employé ces dernières années lorsqu’on veut reprendre un personnage récurrent à partir de zéro, en oubliant complètement ses précédentes aventures cinématographiques, comme ce fût le cas pour Batman par exemple) ? Alors, bien sûr, il peut être dérangeant de retrouver M vieillie alors qu’on recommence l’histoire, mais avouons qu’on a grand plaisir à voir Judi Dench endosser de nouveau un rôle qu’elle a su ajuster à sa propre mesure au fil du temps … Bien sûr, toute la partie de poker est difficile à appréhender et peut paraître longue à ceux dont les règles du jeu sont étrangères … Peut-être les deux premières grandes scènes de poursuites sont-elles un peu poussives et étirées, mais elles font contrepoids à la deuxième partie du film, moins dynamique, plus sombre et plus tendue …

Bref, rien qui puisse vraiment empêcher de dire que Casino Royale est une réussite totale, un plaisir retrouvé pour tout véritable fan, mais pas seulement. Et c’est certainement là ce qui prouve le potentiel extraordinaire de ce personnage hors du commun qui parvient, au bout de 21 films pas toujours réussis, à nous prouver qu’il sait encore coller aux plaisirs de notre temps et que ça peut de durer encore un moment.
image La suite de Casino Royale est prévue pour le 7 novembre 2008 …

3 commentaires:

Anonyme a dit…

On hésitait mais maintenant on va aller le voir !

rupert a dit…

ben évidemment qu'il faut y aller !!!! ahlala ...

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec toi Yvon.
C'est rare non. J'ai adoré ce James Bond là, mais avec un bémol cependant, (il en fallait bien un) quant à la prestation d'Eva green que je n'ai pas trouvé convaincante. En tout cas, je sais aujourd'hui pourquoi nous avons de la pluie ces derniers jours, tu as réussi à écrire que sophie n'était pas si mauvaise waouh!!!!!