lundi 16 octobre 2006

BONDU SAUVE DES MAUX

En 2004, le meilleur disque de chansons françaises de l’année s’intitule Quelqu’un quelque part et paraît dans une indifférence presque totale.
Presque, parce que si une très grande majorité du public français a boudé le deuxième album, magnifique, de Pierre Bondu (dont le premier opus s'intitulait Ramdam), vous constaterez en surfant un peu sur la toile que pratiquement aucune critique musicale de l’hexagone n’est passé à côté de ce véritable ovni.
Enchanté et enchanteur, ce petit chef d’œuvre conceptuel démarre comme il s’achève, sur une symphonie cinématographique (le mélancolique Caravelle, le terrible Sans rancune) puis enchaîne chansons pop rythmées, insolentes ("… c’est drôle comme on s’ennuie sans promesses, sans mains, sans paroles à tenir, c’est bête comme on s’entête à s’en défendre ou à faire comme si, c’est bête comme vu de près même le soleil disparaît …" Vu d’ici) et introspections mélodieuses ("… c’est les mêmes silences, les mêmes carences, les mêmes tangentes que par réflexe on prend …" Sur les cœurs). Si quelques perles se détachent d’un ensemble admirablement produit (Je rêve, Quitter la terre), et même si la voix chantée/parlée du jeune homme peut parfois agacer (Mieux que personne), les textes subtils et délicats viennent rattraper les quelques « bémols » (comparaison avec Daho, Murat et même Biolay - Gainsbourg ? - pour les orchestrations majestueuses) qu’on vient relever ça et là au long de ces trop courtes 38 minutes.
Aujourd’hui, combien de français peuvent se vanter de proposer une bande-son capable de rivaliser avec certaines compositions d’un John Barry ou d’un Ennio Morricone ?
pochette
Si, dans Quelqu’un quelque part, Bondu met en avant les sensations douloureuses de la détresse sentimentale, tout est dans la mesure, celle des accords, celle des mots ("… si la nuit tombe sans bruit, le désir aussi …"). Une histoire se termine Sans rancune, mais rien n’est jamais larmoyant, ni pathétique. Tout est mesuré. L’insondable douleur d'être, comme l’espoir :

« … je sais je suis à côté de moi, depuis que tu m’as pris le bras
je souris à des images qu’à part toi personne d’autre ne voit,
dehors le vent balaie tout ce qui reste de la vie qu’hier encore j’avais
la lumière avale les ombres et le soleil se tait. »

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