lundi 2 mars 2009

LA TRAHISON

Thomas et Paul sont les meilleurs amis du monde.
De vrais frères. Nés le même jour (celui très symbolique d’août 45 où les Etats-Unis ont lâché la première bombe atomique sur Hiroshima), mais pas dans la même ville, ils grandissent ensemble à Natchez, sur les rives du Mississipi. Là, inséparables dans la joie, dans les plaisirs d’un quotidien presque ordinaire, comme dans la douleur, ils grandissent dévastés par l’absence d’un père, pour l’un, d’un frère, pour l’autre.
On les expose au racisme le plus radical (celui du sud), ils fréquentent l’église, puis découvrent la politique, la télévision et … l’amour, bien sûr. Bien sûr ! Et c’est à cette découverte, très tardive, dans ce roman simple à l’écriture extrêmement fluide (tellement qu’elle en est parfois déconcertante), que la trahison du titre révélateur sera inévitablement liée.
Pas besoin d’être finaud pour comprendre bien avant la première moitié d’un livre au style si délicat, si sensible qu’il en devient rapidement appétissant, aux chapitres si riches et à la fois si courts qu’on en devient vite gourmand, à quoi tiendra la fin immanquablement tragique de cette chronique intimiste et touchante.
Celle, singulière, de ces deux personnages, mais également celle, en filigrane et autrement plus complexe, d’une Amérique faussement idéalisée par la représentation de ce tableau d’Hopper, High Road, en couverture.
Une Amérique d’Histoire (Eisenhower, l’assassinat de Kennedy, la disparition de Marylin, celle de Luther King, les batailles idéologiques, l’embrasement des universités…) que le fardeau de deux guerres (Corée, Vietnam) plus celui du McCarthysme viendra entacher de drames tels que cette fameuse trahison dont le narrateur, mais avant lui son fidèle ami, ne se relèveront pas.

Alors ce dernier Besson (son 10ème en huit ans) n’est pas un grand livre, certes, mais il est de ces bouquins qui vous laissent, et pour longtemps, de drôles de traces indélébiles … de ces images si bien (d)écrites qu’elles font les bons romans.

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