lundi 14 avril 2008

TOUT BOURGEOIS

Je m'appelle Louise Joséphine Bourgeois. Je suis née le 25 décembre 1911 à Paris. Tout mon travail des cinquante dernières années, tous les sujets, trouvent leur source dans mon enfance.
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Mon enfance n'a jamais perdu sa magie, elle n'a jamais perdu son mystère, ni sa dimension dramatique ...
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Présentée dans une galerie à la surface limitée où la surabondance des œuvres et leur taille ne permettent ni le recul, ni l’isolement, la rétrospective que le Centre Pompidou (dé)consacre à cette artiste, aussi passionnante que déconcertante peut au moins se prévaloir de lui rendre un (ultime ?) hommage de son vivant.
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Rien n’y fait ! Ni la scénographie pourtant chichement étudiée mais trop contrainte par des cimaises étouffantes, ni la possibilité de rallonger sa visite en la poursuivant, comme dans un labyrinthe involontaire, dans les espaces du musée (Tendre compulsions exposition dans l’exposition deux étages plus bas), piètre consolation pour celles et ceux qui, au final, iront contempler, heureux, l’araignée majestueuse (Maman, 1999) parcourant les pelouses (ô combien verdoyante en ce printemps pluvieux) des Tuileries.
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Pourtant nul doute que bouder le plaisir, incontestable à l’évocation de cette figure incontournable de l’art contemporain, d’une balade sensitive qui trouve son inspiration dans la logique subjective d’un esprit aussi singulier que celui de Louise Bourgeois, où les œuvres tour à tour figuratives, abstraites, en appellent à l’émotion, à la mémoire et aux souvenirs, serait une monumentale erreur.
imageD’abord parce que cette vieille dame obsessionnelle n’a pas encore dit son dernier mot et qu’elle continue d'explorer, à 96 ans sonnés dans son atelier newyorkais, les méandres d’une enfance que rien n’épuise et qu’on imagine foncièrement riche (la profusion des thèmes récurrents et celle des matériaux, extrêmement variés) pour cette fille de restaurateurs de tapisseries anciennes, dont les motifs de la couture, du fil, de l'aiguille conditionnent une grande partie de l’œuvre pour aboutir à la figure maternelle, protectrice de la grande fileuse : l'araignée (voir le « petit modèle » en bronze à l’entrée du forum).
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Ensuite parce que ce parcours intimiste nous permet d’appréhender presque totalement l’intégralité des modes d’expressions (environnements, cellules, figurines, têtes et colonnes ...) utilisés par une artiste dont l’inspiration flagrante jamais ne s’est tarie.
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Il faut abandonner le passé tous les jours ou bien l'accepter. Si on n'y arrive pas, on devient sculpteur ...
Alors, toujours pas convaincu ?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Intéressante cette intro je trouve. Cette permanence (ne pas se perdre de vue) dans l'exploration de la vie (et de l'expression artistique notamment ou la création) ne va pas de soi je trouve. C'est certainement essentiel mais vachement difficile ;-) Bye.

rupert a dit…

Je ne sais pas si la "permanence" est essentielle ... la constance oui. La permanence ? ... je ne sais pas, ce pourrait être un débat, non ??? héhé ;-)