mardi 6 mars 2007

UN ROI HORS SUJET

Kevin Macdonald, le réalisateur, nous l'affirme : le Dernier roi d'Ecosse s’inspire de faits réels !
Jeune médecin fraichement diplômé, l’écossais Nicholas Garrigan débarque en Ouganda pour venir en aide à la population. En fait, plus préoccupé par sa quête d’aventure, il y fait accidentellement connaissance avec le nouveau leader du pays, Idi Amin Dada, qui le trouve sympathique et lui propose de devenir son médecin personnel. Totalement sous le charme du nouveau chef d’Etat, le jeune médecin, devenu confident d’un des plus terribles dictateur du XXème siècle, mène grand train. Piégé au cœur de la mégalomanie meurtrière de ce "Président à vie", il devient complice malgré lui …
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Adapté d’un roman ultra primé de Giles Foden, le film met en scène les rapports entretenus par le dictateur Amin Dada et son médecin personnel. Oscillant entre biographie historique et thriller, le postulat de départ pose déjà de sérieux problèmes. Car si l’interprétation est parfaite, Forest Whitaker en tête, il n’en reste pas moins que le suspens très habile, mis en place dès l’écriture, use de ficelles cinématographiques très, voire trop classiques (séductions, liaisons, tromperies, crimes, courses contre la montre …).
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Ainsi, l'aspect documentaire se trouve considérablement amoindri, troublé et perturbé. Comme perturbe également le personnage fictif de cet insupportable médecin qui cumule les bourdes et dont on ne comprend guère les motivations finales (en a-t-il seulement ?). S’il permet de résumer le règne du dictateur, à travers le portrait d'un leader charismatique mais psychopathe qui a ravagé son pays et tué plus de 300 000 personnes, il pose le problème de la crédibilité toute entière d’une histoire dont le scénario emprunte au réel implacable ce qu’il a de plus incontestable, pour servir une intrigue à l’ambition extrêmement discutable.
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Car s’ils mélangent les rares dilemmes moraux imaginaires du Docteur Garrigan avec les actes véritables et choquants commis sous le régime d’Amin Dada, ni Giles Foden, ni Kevin McDonald, ne peuvent répondre sincèrement à la question principale qui sous-tend tout le film : comment un homme ordinaire confronté aux actes les plus inhumains réagit-il lorsqu'il est séduit par celui qui les accomplit ? A ce stade là, et malgré un culot qui force le respect, on est tenté de classer leur travail hors sujet !
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