samedi 15 novembre 2008

MENSONGES D'ÉTAT

Contrairement à son tâcheron de frère, Tony, pas totalement médiocre mais incapable de s’approprier un sujet pour en faire un œuvre personnelle, Ridley Scott est l’auteur reconnu de films cultes auquel le cinéma hollywoodien ne cesse de se référer. 
D’Alien (génial) à Gladiator (intéressant), en passant par la brillante adaptation du roman de Philip K. Dick, Blade Runner (5 versions tout de même), ou le magnifique road movie Thelma & Louise, ..., si une bonne partie de la filmographie du réalisateur restera dans les annales de tout cinéphile qui se respecte, certaines tentatives ou redites dans des registres plus « classiques » (le polar avec Someone To Watch Over Me et Black Rain, la reconstitution historique avec 1492 ou Kingdom of Heaven ...) n’ont pas toujours marqué les esprits.

Aussi, tout réussi qu’il soit, Body of Lies risque fort d’allonger la liste des films qui se situent dans cette deuxième catégorie. La raison n’en incombera pas aux acteurs, dont les prestations franchement enthousiasmantes complètent une réalisation efficace et honnête, permettant ainsi de cerner au mieux le propos : entourés d’une pléiade de seconds rôles capitaux, DiCaprio, plus mature qu’à l’accoutumée, perfectionne son art de l’identification voire celui de la transformation en jouant les infiltrés en milieu « hostile » alors que Russel Crowe, dont c’est la quatrième collaboration avec Scott, semble assumer sans peine la fonction d’acteur fétiche sous-employé dont on ne saurait regretter une participation somme toute assez sporadique.

Mais, la complexité d’un scénario sensiblement retors (l’adaptation d’un roman éponyme du journaliste du Washington Post, David Ignatius, salué pour sa description des méthodes des services d'espionnage américains), que certaines grosses ficelles permettent d’appréhender avec un peu plus de facilité, ne parvient pas à compenser une impression de déjà-vu évidente (The Kingdom de Peter Berg, Rendition de Gavin Hood ...).

Du coup, à la traîne derrière des prédécesseurs auxquels il n’a pourtant rien à envier, Body of Lies apparaît « juste » comme un bon film d’espionnage classique très bien ficelé, mais pas révolutionnaire. Un dénouement moins surprenant que l’entrée en matière d’une intrigue à la Le Carré, où l’amorce d’une romance semble dramatiser l’action, complètera ce tableau un peu gâché par l’absence de véritable ambition. A voir malgré tout ! 

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