jeudi 20 novembre 2008

D'AUSSI LOIN QUE HOLLYWOOD

Encouragée par le succès sans précédent de son Exhibition consacrée au fameux madrilène Pedro Almodovar, la Cinémathèque Française, pour le coup renforcée dans des choix de programmation éminemment plus grand public (mais n’oublions que le cinéma est l'art populaire par excellence), réitère l’heureuse expérience en accueillant et en confiant le premier rôle de sa dernière grande exposition à l’une des icônes de l’underground artistique californien, Dennis Hopper.
Provocateur et figure contradictoire, voire controversée (dues notamment à une extraordinaire inconstance dans ses prises de positions politiques ...), mais avant tout incontournable des contre-cultures les plus radicales de la côte ouest (Easy Rider, son film sur la route, aux partis pris insolites), l’acteur, réalisateur, producteur, photographe, peintre, poète, ... Hopper est, outre une anti-star carrément border-line, un insatiable collectionneur d’art.

Ainsi, au fil d’une scénographie étriquée (au moindre mouvement on frôle les œuvres ... hum), mais qui parvient tout de même à ne jamais nous éloigner de l’essentiel, l’artiste, ancien anti-conformiste, s’impose comme le fil conducteur d’une passionnante immersion en ce Nouvel Hollywood (nouvelle vague contestataire qui donne une partie de son titre au projet), univers décalé et révélateur de ce touche-à-tout de génie.



Sans recourir à d’autres matériaux intellectuels que ceux offerts par une vie partagée entre Venice et Taos (!), c’est-à-dire entre les studios et la réalité, il observe et dépeint cet « empire culminant » de superficialité dérisoire et désespérée au travers de photographies, de films, de lettres et de peintures, ... de lui, d’amis (stars, politiques, artistes ou inconnus ...) qui imprègnent ainsi les lieux d’une nostalgie certes passéiste mais également vivifiante et finalement salvatrice.
S’y côtoient Basquiat, Warhol, Rauschenberg, Lichtenschtein, Schnabel (oui, que du très très bon), ou encore Viggo Mortensen, ... mais aussi une multitude de clichés noir et blanc (Jane Fonda, Martin Luther King ...) au milieu desquels Paul Newman, dont la disparition récente vient encore renforcer l’aspect résolument mélancolique d’un ensemble (véritable parenthèse de sur-créativité réactionnaire paradoxale) de très haute tenue muséale.

Représentant multicarte volontaire et volontariste d’une ville en crise toujours au bord de la rupture, Los Angeles, Dennis Hopper démontre ici avant tout une incroyable capacité d’appréhension, de démonstration et d’analyse d’une Amérique en perpétuelle mutation. Spirituel et mythique, conceptuel et physique ... passionnant !
Jusqu’au 19 janvier 2009

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