mardi 23 janvier 2007

HOLLYWOOD DREAMS

Si vous avez raté Le prestige, l’excellent film de Christopher Nolan sur le combat mortel que se livrent deux magiciens dans l’Angleterre victorienne et dont je vous avais déjà parlé ici même dans un précédent article, ne comptez pas vous rattraper avec L’illusionniste, semi-navet plutôt mou à l’intrigue convenue et éventée dès la première partie. Un conseil, passez votre chemin … En revanche, dans un tout autre registre, je ne saurais trop vous conseiller la bonne surprise de ce mois de janvier, qui a pour titre Hollywoodland (nom original inscrit sur la célèbre colline ensuite réduit à " Hollywood " afin de correspondre à la nouvelle image de la ville, alors en plein changement).
Le pitch ? Engagé par la mère du défunt Georges Reeves, héros du feuilleton télévisé Les Aventures de Superman, le détective Louis Simo enquête sur la mort de l’acteur abattu d'une balle dans la tête le 16 juin 1959 dans sa maison des collines de Hollywood. Si la liaison torride entre Reeves et Toni, l'épouse d'Eddie Mannix n°2 de la MGM, est peut-être la clé du meurtre, l'affaire implique beaucoup de monde et Simo n'en sortira pas indemne ...
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Histoire forte, scénario intelligent, Hollywoodland raconte avant tout le parcours de deux hommes qui rêvaient tous deux d’être quelqu’un d’autre. Leurs vies s’entremêlent. D’un petit boulot rentable, l’enquête permet à Simo de s’attacher à Reeves et finalement de se passionner pour cette histoire qui lui permettra de prendre du recul sur son propre destin. Il réalise ainsi qu'on n'est pas toujours complètement responsable de ses malheurs (Reeves, acteur vulnérable, charmant et attachant, souffrait d'être perçu non pas comme l'acteur sérieux qu'il souhaitait être, mais seulement comme " ce type qui joue Superman ").
image Le réalisateur Allan Coulter profite de cette période essentielle au cours de laquelle, aux Etats-Unis, la télévision prend le pas sur le cinéma, pour assombrir l’aura de glamour et de luxe soigneusement entretenue par les studios et en écorner le vernis. Concernant les choix esthétiques qui l’ont guidés pour reproduire le Hollywood de l’époque il explique : « Reeves est devenu adulte dans un Hollywood où primait le sens de l'élégance. Les gens étaient assez formels, ils avaient une certaine dignité dans le maintien. Le jazz prédomine, on en joue dans les clubs et les restaurants. Sa vie se déroule dans un silence relatif, on y perçoit juste le bruit léger des vagues de l'océan, interrompu au loin par le son d'un orchestre. Dans le Hollywood de Simo, on passe à l'ère du rock, des tourne-disques et des juke-boxes. La vie du détective se déroule au milieu d'une cacophonie incessante. Jonathan Freeman, le directeur de la photo, a scindé les deux époques pour leur donner deux styles visuels différents. Sa caméra est plus sobre et retenue quand elle montre le Hollywood de Reeves, alors que pour le Hollywood de Simo, les couleurs ont l'air d'avoir été délavées par le soleil de Californie. Les mouvements de la caméra sont alors plus instables. »
image Ben Affleck, sacré meilleur acteur au 63ème Festival International du Cinéma de Venise 2006, pour sa prestation dans le rôle de Georges Reeves, s’est totalement investi dans le portrait qu’il voulait donner de l’acteur, par respect et parce qu’il voulait lui rendre justice. Il est tout simplement excellent, comme le sont également ses deux partenaires Diane Lane, dans un registre de femme forte, qui n’a pas froid aux yeux, mais qui se laisse guider par ses émotions malgré elle, et Adrian Brody, dans le rôle d’un homme qui va apprendre à ne plus bluffer pour se concentrer sur l’essentiel.
image Même si le film est censé restituer le respect que méritait Georges Reeves, on peut dire qu’il associe avant tout deux éléments contradictoires : le goût de la nostalgie et le besoin de vivre dans le présent. Tout le monde peut s'identifier à Reeves, à ses rêves de célébrité, ou à Simo, à son désir d'être utile. D'une certaine façon, tout le monde vit à Hollywoodland.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

je regrette presque d'avoir dormi mais ce que j'en ai vu m'a plu

rupert a dit…

aaaaah ben faut y retourner alors !!!!!