samedi 8 mai 2010

LA PLUIE SANS PARAPLUIE

Dame Hardy (!) est de retour. On la voit partout, on l’entend partout, on la lit partout sur presque tout, comme si Le désespoir des singes, livre confidence totalement impudique, n’avait pas suffit à démystifier totalement le personnage qui avait su, un temps, imposer discrétion, mystère et sensibilité, et sur lequel les ans semblaient n’avoir presque aucune prise.
Elle revient donc, hasard du calendrier, au moment même où ce fameux « compagnon de longue route », longuement disséqué dans les pages qu'il lui a inspiré, accomplit son come back scénique de fainéant talentueux au fil d’un répertoire qu’aucune nouveauté ne vient, cette fois, agrémenter.
Démarche radicalement inverse pour Françoise Hardy, jamais reparue sur scène depuis la fin des années soixante. Ainsi nous arrive son dernier album porté par les musiques (et quelques textes) de nouveaux collaborateurs (La grande Sophie, Jean-Louis Murat …) presque tous bien venus dans l’univers archi-codifié de cette éternelle et désuète mélancolique.

Et ça ne démarre pas fort : rythmes FM, texte bateau sur rimes gamines, le Noir sur Blanc inspiré par l’insupportable mélodie de Calogero dessert considérablement la promotion d’un album dont, au final pourtant, la qualité d’une grande majorité de plages suffirait à faire pâlir beaucoup d’apprenties chanteuses inspirées par l’égérie des années yéyés.
Pour être franc, il faut presque attendre le 4ème morceau, celui qui donne son titre à ce 26ème opus (en fait une chanson originale de l’allemande Fioux), pour commencer à pénétrer enfin ce bel objet d’émotion captive que le talent de son plus précieux partenaire, le dévoué Alain Lubrano, est presque le seul à sublimer.

On craquera donc encore sans honte sur les atermoiements tardifs de cette femme « sans âge » qui chante l’amour (l’ancien, l’actuel, le futur ?) comme si c’était la première fois et qu’elle avait, encore, toute la vie devant elle.
On en retiendra le meilleur (Je ne vous aime pas, Les mots s’envolent …) en essayant d’oublier que la maturité, bon gré, mal gré, ne rassasie jamais le cœur invariablement meurtri de toute vraie midinette qui se respecte.

3 commentaires:

loran a dit…

Son meilleur album mais contrairement à toi, je supporte mal le titre "je ne vous aime pas": peut-être parce qu'il est dédié à D.Darrieux à qui je pourrai retourner le compliment.

rupert a dit…

Tu veux dire que tu n'aimes pas Danielle Darrieux ? En fait, même si le titre est comme un hommage à une réplique de l'actrice dans le film d'Ophuls (si je ne me trompe pas), il est, dans le cas présent surtout prétexte à définir un état (le sentiment amoureux justement).

loran a dit…

Certes, mais la seule idée qu'elle fasse référence à la dame (à laquelle elle dédie bien la chanson: dixit l'intéreiur CD) me révulse. Je n'y peux rien.