lundi 1 février 2010

GAINSBOURG (VIE HÉROÏQUE)

Impossible de croire une seule seconde que Joann Sfar ne savait pas dans quel projet, casse-gueule au possible, il mettait les pieds en s’attaquant à une Légende. Déjà fameux auteur de BD et trublion qui n’a ni le crayon, ni la langue dans sa poche, Sfar le terrible n’en est pas moins un type doué, très créatif.
C’est ce qui fait du premier chapitre de son Gainsbourg, une totale réussite, une subtil mélange de conte (ce qu’il revendique) et de vérités transformées.
En une succession de courts tableaux qui ne sont pas sans rappeler les pitreries poético-métaphoriques d’un Gondry tout aussi barré, en une combinaison subtile d’acteurs et d’actrices très inspirés (Yolande Moreau – évidente – en Fréhel, Anna Mouglalis – captivante – en Gréco et Laetitia Casta – bluffante – en Bardot …), le réalisateur, dont c’est ici le premier film, relève miraculeusement la gageure en évitant pratiquement tous les pièges du biopic barbant, bavard et grossier.

Pourtant, ce sont bien en partie toutes ces qualités qui vont se transformer en défauts dans la deuxième moitié de cette drôle de descente aux enfers, telle que semble avoir voulu la réinterpréter le réalisateur dès lors que Gainsbourg séduit Jane. En partie, mais pas seulement.
Un brin longuets, les dialogues de l’homme à tête de chou avec son double maléfique deviennent alors redondants, dans la reconstitution d’une carrière où les excès l’emportent sur le génie et son travail plus discutable.
Gainsbarre, moins convaincant, moins touchant, carrément agaçant même, vient écorcher le tableau du dandy timide qui l’avait emporté (grâce aussi à l’interprétation impressionnante d’Eric Elmosnino) sur les réticences légitimes d’un spectateur en proie aux doutes de celui pour qui l’artiste n’a pas disparu depuis si longtemps que ça.
La pauvre Lucy Gordon a beau se donner corps et âme, on n’y croît pas une seconde : Birkin n’est pas là … elle n’est pas sur l’écran parce qu’elle est dans nos vies, qu’elle ne vieillit toujours pas et quelle fait partie de nous, de notre (d’une certaine) histoire de la chanson française au même titre que son pygmalion de mari quand il venait faire scandale sur les plateaux télé de samedis soirs gentillets.
La suite (la rencontre avec Bambou) est à l’avenant. Plus le film avance et plus on a envie de se tirer, de rester sur notre toute première impression, l’idée de génie, quand le cinéma sait user de toutes ses ficelles (celles de l’animation, le masque du marionnettiste) pour nous captiver.

C’est dommage, certes, mais gageons que Joann Sfar saura tirer toutes les leçons de cette première tentative (celle d’un fan, ne l’oublions pas) pour réussir enfin à nous séduire totalement et éviter, peut-être, de se laisser vampiriser par son immense sujet …

3 commentaires:

loran a dit…

Ce sera donc sans moi.

rupert a dit…

Bah, tu sais mon avis ... vas-y et tu me diras ! Au fait, c'est quoi ton nouveau blog déjà ?????

loran a dit…

non je ne crois pas que j'irais. Avant même de lire ton avis, j'avais un "a priori".
Concernant mon blog: c'est un "copier-coller" du précédent; ni mieux, ni plus mal je crois: http://loran6267.blogspot.com/
A bientot. Bises à tous les 2.