vendredi 12 décembre 2008

UN COEN CROUSTILLANT

Vaudeville rocambolesque ? Comédie d’espionnage ? Farce politique ? Pastiche burlesque ? ...
De genre indéfinissable, l’histoire est presque irracontable : prenez un ex-agent de la CIA, alcoolique invétéré, farouchement décidé à écrire ses mémoires, son épouse infidèle, garce implacable sans remord, décidée à le quitter sans lui laisser le moindre sou ... prenez l’amant de la dame, coureur de jupon sans pareil, marshal de métier mais joggeur forcené et bricoleur de génie obsédé par le sexe ... rajoutez au trio un tantinet convenu, la gérante d’un club de gym prête à tout pour trouver le financement à d’indispensables interventions de chirurgie plastique, et un prof d’aérobic sans complexe, à l’esprit fort limité mais qui porte le lycra comme une seconde peau ... n’oubliez pas une forte dose d’humour bien cynique et d’acteurs (une brochette de stars !!!) en très grande forme, de ceux que le ridicule (de préférence celui qui tue) n’effraie pas ... et vous aurez une toute petite idée de ce qui se passe dans Burn After Reading.
Parce qu'en premier lieu ici, comme déjà auparavant dans les fameux Fargo puis Big Lebowski, deux « essentiels » de l’univers Coen, tout est affaire de style.

Certes, le scénario n’est pas aussi affuté, ni la réalisation aussi impressionnante que dans ces références indiscutables, incontournables et, par définition, inégalables.
Certes, les Coen se sont déjà cassés les dents sur des comédies boiteuses ou mollassonnes qui manquaient de corps et d’envergure (Intolerable Cruelty, The Ladykillers).

Pourtant, cette nouvelle satire, irrésistible, de la société américaine à travers une vision à la fois très large (de crétins beaufs insignifiants aux grands pontes de la CIA ... tous aussi ringards, largués et dangereux les uns que les autres) et « pessimiste » (une intrigue à tiroir complètement absurde mais qui n’épargne personne : tous coupables d’être tout simplement victimes ou crétins), mais complètement invraisemblable et dont on n’a que faire, n’est finalement « que » prétexte à enchaîner méticuleusement les numéros d’acteurs cabotins, tous aussi géniaux et hilarants les uns que les autres (Brad Pitt et Frances McDormand remportent la palme haut la main).

Aussi, tout aussi « modeste » qu’il soit, Burn After Reading fait partie de ces petites démonstrations de savoir-faire tragi-comiques qu'affectionnent tant Ethan et Joel Coen, réalisateurs et producteurs dont l’œuvre la plus mineure (c’est-à dire en dehors des monuments de cinéma que sont Barton Fink, No Country for Old Men, ou The Barber) fait au moins figure à chaque fois de bon divertissement. Imparables petites machines à (sou)rire, il en ressort toujours un soupçon d’indulgence, un soupçon de tendresse pour une certaine bêtise humaine, même celle parfois susceptible de provoquer les pires grincements de dents.
Relativement intelligent et furieusement croustillant ...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Sous pretexte que ce sont les freres Coen, qu'il y a Mr Clooney (triste clown), Brad Pitt (ici que bad) et peut etre à part Frances Mc Dormand (mais jouant souvent de la même manière), ce film est plutôt suffisant et gentil en vouloir tenter un style burlesque. Au moins ils ont essayé c'est déjà ça.