LE PLAISIR DE CHANTER

Une comédie déjantée, mais dans le fond pas si légère que ça, dans laquelle deux agents secrets, amants de surcroît, partent en quête d’une clé USB en prenant des cours d’art lyrique où ils rencontrent, dans le désordre, la veuve d’un trafiquant d’uranium passionnée de chant, sa belle soeur oto-rhino plutôt louche, un espion bear (très) qui ne fait pas dans le détail, ou encore un gigolo versatile complètement flippé ... alors, ça vous tente ????
Le dernier film d’Ilan Duran Cohen est le résultat surprenant et particulièrement réjouissant d’un mélange des genres abracadabrant, une bizarrerie parfois cynique au centre de laquelle actrices et acteurs viennent parfaire un ensemble d’idées scénaristiques pour le moins saugrenues mais qui, soulignées par des dialogues qui vont de l’absurde burlesque au désenchantement existentiel le plus réaliste, tiennent étonnement la route.

En distribuant deux de ses rôles-clefs à Marina Foïs, décalée comme on l’aime dans le rôle plein de paradoxes d’une célibataire rattrapée par la quarantaine, et Jeanne Balibar (mention spéciale et chapeau bas) disjonctée grave en veuve joyeuse éprise de variété (L’amour est fou ... sa version française, inédite et impitoyable, du tube I’ll Stand By You ... un délice !!!), le réalisateur a su jouer finement de l’équilibre périlleux qui consiste à s’appuyer uniquement (ou presque) sur l’interprétation. Grâce à elles, à leur totale implication, ainsi qu’au plaisir évident et franchement communicatif de leurs camarades (Loràn Deutsch inattendu, Julien Baumgartner sans complexe ...), Cohen se permet toute la liberté de ton et d’esprit (qu’on lui connaissait déjà grâce à la Confusion des genres) qui caractérise les œuvres les plus personnelles, les plus décapantes mais aussi les plus originales.

Complètement décalé, parfois très cru, mais avant tout distrayant, vivifiant, touchant ... et surtout très drôle ! Du cinéma français comme on en voit pas souvent ...