vendredi 9 avril 2010

WHITE MATERIAL

Difficile de commenter le dernier Claire Denis, tant il dit et tant il tait, tant il révèle et tant il s’abstient, retient. En ce sens, ce n’est certainement pas le film le plus accessible, ni de sa réalisatrice (mais qui a fait pire), ni du moment (ce qui n’est pas bien difficile vu le niveau des productions actuelles).
Alors forcément, et si ce devait être sa plus grande qualité, White Material déroute.
Dans une région indéfinie d’Afrique, le chaos se prépare, advient, percutant de plein fouet l’univers croulant d’une femme qui s'entête malgré le danger.
Porté par une interprétation toute physique d’Isabelle Huppert, filmée comme un fantôme blanc errant dans un pays qu’elle se persuade être le sien, au sein d'une communauté à laquelle elle se persuade d’appartenir, d’une famille à laquelle elle se persuade de se consacrer, sans parvenir jamais à persuader les autres, ni même et encore moins le spectateur conscient d’assister à la chute d’un système, sa débâcle dont, tout du long, on imagine qu’elle sera d’une violence et d’une cruauté inouïe.

Ainsi, subtilement, sans porter de jugement ni donner de clef, en s’appuyant juste sur sa distance avec des personnages largués, démunis, ou au contraire volontaires et déterminés, en flirtant sur sa proximité avec l’horreur d’actualités « généreusement » entretenue par les nombreuses images des reportages télévisés, le scénario de Claire Denis, africaine dans l’âme, et de Marie NDiaye, scénariste occasionnelle (que l’on connaît mieux pour avoir été lauréate du Goncourt avec son fameux Trois femmes puissantes), diffuse lentement mais sûrement le poison d’un cauchemar inéluctable.
Déroutant, certes, mais intelligent et réellement digne d’intérêt.

Aucun commentaire: