dimanche 14 mars 2010

A SINGLE MAN

Pour sa première réalisation, Tom Ford (couturier et playboy de son état) adapte le roman éponyme de Christopher Isherwood, avec la force et la grâce de ceux qui ne font pas ça pour plaire, ceux qui se font plaisir avant tout.
Beau comme les photos sur papier glacé des magazines de luxe, le film s’apparente presque à un huit clos qui, s’il ne se déroule pas exactement dans un lieu unique, déroule méthodiquement, heure par heure, la journée décisive d’un homme dont le compagnon est décédé.
Première grande qualité de la réalisation : A Single Man échappe au moins à la vogue actuelle des films dont la principale particularité, un rythme effréné, consiste en un montage cut ne comportant que des plans ne dépassant pas deux secondes chrono (de peur que le spectateur s’ennuie), pour laisser aux personnages (même s’il y en a peu) le temps d’avancer vers leur destin, au spectateur le temps d’évaluer les répercutions variables d’une succession de micros évènements inattendus.
Les décors sont magnifiques, les costumes sont magnifiques, les acteurs sont magnifiques (Colin Firth et Julianne Moore toujours excellents) et, techniquement parlant, Ford s’est parfaitement entouré. Tellement, que le film s’apparente parfois à une succession de tableaux contemporains hyper-léchés d’une Amérique esthétiquement idéalisée, où participent à leur façon les influences de grands cinéastes (Hitchcock, Almodovar ou Wong Kar Wai, auxquels Ford rend tour à tour des hommages appuyés et sans complexe), convoquant plasticiens et photographes, parmi lesquels Edward Hopper ou Bruce Weber n’apparaissent pas comme les moins évidents.

Enigmatique, froid, mais pas impersonnel, ce Single Man force, de part son sujet, l’admiration. Il laisse déjà espérer, augurer, d’une carrière qui, si elle démarre tardivement, semble pour le moins marquée d’une réelle volonté et d’une grande personnalité.

1 commentaire:

loran a dit…

mon dernier bon souvenir de cinéma avec "invictus"